Travailler la morphologie dérivationnelle en orthopédagogie : des pistes concrètes pour soutenir les apprentissages
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Par Nathalie Chapleau
La morphologie dérivationnelle occupe une place déterminante dans le développement de la lecture, de l’écriture et du vocabulaire. Comprendre comment les mots se construisent et se transforment aide les élèves à décoder plus efficacement, à inférer le sens de mots nouveaux et à mieux orthographier. Donc, en orthopédagogie, travailler la morphologie dérivationnelle permet d’outiller les élèves afin qu’ils développent davantage de précision et d’efficacité dans leurs tâches de lecture et d’écriture.
Voici quelques pistes concrètes pour intégrer cet apprentissage dans vos interventions.
1. Partir des bases : comprendre mot de base, préfixes et suffixes
Avant d’aborder les interventions en morphologie dérivationnelle, il est important de s’assurer que l’élève distingue clairement les trois grandes composantes des mots construits :
Le mot de base : le cœur du mot ou le tronc comme dans L’arbre des mots (ex. : chant- dans chanteur).
Le préfixe : placé devant la base et modifie le sens ou les feuilles à la gauche de l’arbre (ex. : re-, anti-, im-).
Le suffixe : placé après la base et modifie souvent la catégorie grammaticale ou les feuilles à la droite de l’arbre (ex. : -eur, -able, -ment).

De courtes activités de repérage des unités morphologiques permettent à l’élève de se familiariser avec le vocabulaire associé à la structure des mots. Par exemple, proposer à l’élève d’entourer la base, de colorier les affixes ou de classer des mots selon leur structure. L’affichette L’Arbre des mots offre également un bon soutien visuel pour aider l’élève à comprendre la structure des mots construits (voir https://www.morphoplus.com/construisdesmots).
2. Construire des familles de mots pour donner du sens
Les familles de mots aident les élèves à percevoir les régularités et à comprendre que les mots sont liés entre eux. Plusieurs activités permettent de développer les connaissances relationnelles entre les mots, comme de créer un train des mots de même famille autour d’une base (ami → amitié, amical, inamical, amicalement… ; voir https://www.liavecmoi.com/blanchecommeundrap). Afin de mettre l’accent sur la structure des mots et leur sens, demander à l’élève de retrouver les intrus parmi des mots qui semblent similaires. De plus, proposer des mots à compléter en utilisant un mot de base et une définition d’un affixe.
3. Utiliser la morphologie pour soutenir la compréhension de la lecture
La morphologie dérivationnelle est une stratégie pertinente pour inférer le sens de mots inconnus. Par exemple, lors d’une lecture, on peut d’abord inviter l’élève à décomposer un mot construit rencontré dans le texte (imprudent, revalorisation, irréalisable). Ensuite, on lui demande à quoi chaque partie lui fait penser, puis on vérifie ensemble le sens du mot dans le contexte. Cette démarche l’aide à développer sa capacité à déduire le sens des mots. Sur le site Morpho+, dans la section Activités avec album, plusieurs activités sont proposées afin de développer les différentes connaissances liées à la morphologie dérivationnelle (voir https://www.morphoplus.com/activit%C3%A9s-avec-album).
4. Mobiliser la morphologie pour améliorer l’orthographe lexicale
Comprendre l’organisation interne des mots aide à réduire les erreurs orthographiques, notamment lors de l’ajout de suffixes et des réflexions associées à la présence de consonnes latentes. Lors de l’enseignement du vocabulaire, il peut être utile de montrer comment la base d’un mot se transforme avec l’ajout d’un suffixe (jeter → jetable, beau → beauté, fleur → floral). Il est également pertinent de comparer des mots apparentés pour mieux comprendre leur formation, notamment lorsqu’ils comportent des morphographes ou consonnes latentes (chocolat → chocolatier). Enfin, construire des séries de mots partageant un même suffixe aide les élèves à repérer les régularités orthographiques, ce qui facilite grandement la mémorisation.
5. Donner une place aux manipulations métalinguistiques
Les activités réflexives renforcent la compréhension de la structure des mots formés à partir d’unités morphologiques. Ainsi, mener des discussions où l’élève verbalise ses stratégies et clarifie ses représentations l’aide à mieux reconnaître et comprendre ces unités. Par exemple, lui demander d’expliquer pourquoi un mot appartient à une famille, de justifier le choix d’un suffixe ou de comparer deux mots proches, mais différents par leur sens ou leur structure, constitue un moyen pertinent pour approfondir ces connaissances.
6. Utiliser le programme de rééducation L’Arbre des mots
Lors de l’application d’interventions de palier 3, le programme L’Arbre des mots constitue un excellent moyen d’intégrer la morphologie dérivationnelle dans un cadre structuré, progressif et motivant lors des séances rééducatives auprès d’élèves ayant des difficultés persistantes en orthographe lexicale (voir https://finoeduc.com/products/larbre-des-mots).
Ce programme propose :
Des activités graduées centrées sur la manipulation de mots de base, de préfixes et de suffixes.
Des outils concrets permettant de développer la conscience morphologique et pour soutenir la compréhension, l’orthographe et l’enrichissement du vocabulaire.
Ce programme de rééducation de type compensatoire s’intègre facilement en orthopédagogie, autant en individuel qu’en petit groupe. En somme, les différentes activités proposent des interventions permettant à l’élève de découvrir la structure des mots pour mieux identifier et produire les mots construits.
En offrant aux élèves des outils pour comprendre la structure des mots, ils développent une meilleure précision orthographique et une compréhension plus fine des textes. Intégrer ces activités dans votre pratique orthopédagogique, c’est investir dans des stratégies durables qui soutiennent réellement la réussite des apprenants. Que ce soit par des explorations de familles de mots, des manipulations d’affixes ou l’utilisation d’un programme structuré comme L’Arbre des mots, chaque occasion de travailler la morphologie permet d’enrichir le « coffre d’outils » des élèves. Alors, n’hésitez pas à faire une place centrale à ces activités : leurs effets sur les apprentissages seront tangibles et durables.
Bon enseignement de la morphologie!




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