Par Nathalie Chapleau, professeure à l'UQAM
En linguistique, la morphologie correspond à l’étude de la forme des mots et à l’interprétation liée à cette forme (Huot, 2012). Les unités constituant les mots sont appelées des morphèmes (ex. : matin = 1 morphème, matin/al = 2 morphèmes, dé/matin/er = 3 morphèmes).
Les mots ont des propriétés syntaxiques et sémantiques (Brousseau et Nikiema, 2001). Ainsi, deux dimensions de la morphologie contribuent à l’écriture des mots : la morphologie dérivationnelle et la morphologie flexionnelle (Béguelin, 2000).
Les morphèmes dérivationnels entrainent la création de nouveaux mots (ami → amitié) et les morphèmes flexionnels produisent des effets sur le mot en indiquant la relation entre la base et les autres mots de l'énoncé (des amis). Donc, la morphologie dérivationnelle, par l’ajout d’affixes au mot, modifie l’identité sémantique du mot de base. Le morphème dérivationnel, lorsqu’il s’ajoute à un mot, peut changer la classe du mot (ex. : fleur, fleurir). Cette dimension de la morphologie concerne l’orthographe lexicale.
La morphologie flexionnelle se rapporte aux relations entre les mots. Donc, les morphèmes flexionnels consistent à orthographier le mot, selon le contexte syntaxique, soit les noms, les adjectifs et les déterminants, suivant les affixes qui marquent le genre et le nombre (ex. : la chanteuse, les chanteurs) alors que pour les verbes, ils marquent la personne, le temps et le mode (ex. : tu chantes, nous chanterons, ils chantaient) des racines auxquels ils se rattachent.
Ce tableau présente un résumé des dimensions de la morphologie.
La morphologie | Dérivationnelle | Flexionnelle |
concerne | le vocabulaire | la grammaire |
permet | de créer des mots de la même famille morphologique | d’appliquer les accords (genre, nombre, personne, mode, temps) |
en combinant | un mot de base et un ou plusieurs affixes (préfixes et suffixes) | un mot de base et une ou plusieurs marques grammaticales (suffixes) |
des exemples | grand → grandir → agrandir ami → amical → inamical | un petit garçon → une petite fille parler → je parle parler → nous parlions |
Adapté du tableau de Marie-Catherine Saint-Pierre et ses collègues dans le livre Lecteurs et scripteurs en difficulté : propositions didactiques et orthodidactiques (2020).
L’enseignement de la morphologie dérivationnelle est aussi important que celui de la morphologie flexionnelle. En effet, amener l’élève à découvrir la construction des mots, entraine l’utilisation d’une orthographe précise. Pour l’enseigner auprès des élèves, l’utilisation de L’arbre des mots permet de visualiser la construction d’un mot (Chapleau, 2013). Le tronc correspond au mot de base comme «fleur». Les feuilles à la droite de l’arbre correspondent au suffixe comme «-ir». Ce qui forme le mot construit «fleurir». Puis les feuilles à la gauche de l’arbre correspondent au préfixe «re-» pour former le mot construit «refleurir». Ainsi les élèves peuvent découvrir les morphèmes qui composent les mots.
Bon enseignement!
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