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Les connaissances en morphologie et la lecture

Par Nathalie Chapleau, professeure à l'UQAM


Le français est une langue alphabétique qui encode une part de phonologie (les sons de la langue) et une part de morphologie (les unités minimales de sens). Pour mieux comprendre, prenons l’exemple du mot chaton, ce dernier est formé par quatre phonèmes (ch-a-t-on), mais est aussi porteur d’informations morphologiques, car il est constitué de deux morphèmes (chat-on) qui signifient petit chat. Ainsi, pour lire et écrire, l’apprenant doit développer des capacités liées à ces deux dimensions.


L’apprentissage de la langue orale amène l’enfant à développer de façon implicite une sensibilité aux informations morphologiques dans les mots (Kemp, 2006). À cet effet, des résultats de recherches (Marec-Breton et coll., 2005; Quémart et coll., 2012) ont démontré que les élèves, dès le niveau primaire, se servent de leurs connaissances morphologiques pour lire avec plus de précision et de rapidité un mot comportant une base et un suffixe. Puis, les élèves qui comprennent comment les mots sont formés, en combinant des préfixes et des suffixes aux mots de base, ont tendance à avoir une meilleure compréhension en lecture (Prince, 2009).


À partir de la deuxième année du primaire, un lien significatif entre la conscience morphologique et la lecture est établi (Casalis et Louis-Alexandre, 2000). Les résultats d’une étude expérimentale réalisée auprès d’élèves âgés entre 7 ans et 10 ans démontrent que les habiletés morphologiques évoluent au cours de l’apprentissage de la langue écrite (Casalis et coll., 2003).


La connaissance de la relation, qui renvoie à la capacité à reconnaitre que des mots puissent avoir une base commune (chat – chaton – chatière), serait une des premières développées par l’élève (Tyler et Nagy, 1989). D’ailleurs, des résultats de recherche (Colé et coll., 2004; Marec-Breton et coll., 2005) révèlent que cette capacité de conscience morphologique est corrélée à la performance en lecture des jeunes apprenants. Lors de ce type d’activité, l’élève doit reconnaitre si deux mots, formellement proches, appartiennent ou non à la même famille morphologique comme bague et baguette. Ainsi, la réponse peut être donnée sans que l’enfant soit à même de manipuler explicitement les unités morphémiques. Il s’agit d’une tâche mobilisant essentiellement un traitement implicite.


La morphologie dérivationnelle est une connaissance qui peut être exploitée pour mieux identifier et comprendre les mots. Ainsi, un enseignement explicite de cette dimension peut faciliter les apprentissages de l’élève. Par exemple, lors des lectures, il est pertinent de proposer à l’apprenant d’associer des mots de la même famille, de chercher le sens d’un affixe ou encore de repérer les mots de base dans les mots construits. L’enseignement de la morphologie dérivationnelle amène l’élève à découvrir la formation des mots et leur sens.


Bon enseignement!



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