Par Véronique Lalancette, Enseignante en orthopédagogie à l'école Mont-Valin
Pour soutenir les élèves en difficulté d’apprentissage, un large éventail d’interventions orthopédagogiques est accessible à l’intervenant. Donc, il importe de faire les bons choix d'actions afin d’avoir un réel impact sur la progression de ces élèves. L’enseignement explicite de la conscience morphologique dérivationnelle a transformé ma pratique au quotidien comme orthopédagogue. D’abord, je veille à ce que les élèves de mon école reçoivent un enseignement de palier 1, afin de développer un éveil à ces connaissances. Puis, j’utilise la richesse de la morphologie dérivationnelle pour intervenir lors d’ateliers en écriture dans un contexte de coenseignement. Finalement, j’explore cette variante d’intervention orthopédagogique au palier 2 et 3 pour des élèves ayant des profils de trouble d’apprentissage du langage oral ou écrit.
Le vocabulaire étant un pilier prioritaire dans le développement du langage écrit, il importe pour moi d'accorder une place importante à l'enseignement de la morphologie dérivationnelle dans ma macroplanification annuelle. Chacun des cycles de mon école reçoit, en cours d’année scolaire, une exposition à une série d’activités de palier 1 en éveil ou en développement de connaissances en morphologie dérivationnelle. Mon intention pédagogique est ainsi d’éveiller les élèves à reconnaitre les mots de base, les mots construits, les mots d’une même famille morphologique et ainsi connaitre la signification des affixes les plus courants.
Récemment, les besoins pour la compétence à écrire dans un groupe classe m’ont orientée à utiliser la morphologie dérivationnelle dans un contexte de coenseignement par ateliers. Plus précisément, l’atelier visé consiste à construire un court texte à partir d’une banque de mots d’une famille donnée. Les mots sont lus, la base est ciblée et le sens de ceux-ci est discuté. Ainsi, nous modélisons des phrases à l’oral, ce qui me permet d’offrir une rétroaction aux sous-groupes d’élèves. Rapidement, en collaboration avec leurs pairs, les enfants parviennent à composer une courte histoire, utilisant une banque de mots riches et bien orthographiés. Étant donné les liens de sens explicités dans un contexte de proximité, la rétroaction est optimale avec les apprenants et le transfert est étonnant.
Enfin, c’est dans une intention rééducative pour des élèves ayant des profils de trouble du langage écrit ou oral que j’expérimente des interventions plus intensives par le développement des connaissances en morphologie dérivationnelle. Le fait d’exposer rigoureusement mes élèves ciblés aux familles de mots me permet d’agir simultanément sur plusieurs piliers du langage écrit, soit la fluidité, la compréhension, l’orthographe ainsi que sur le développement de leur champ lexical. Dans ce contexte d’interventions plus ciblé, L’arbre des mots est pour moi un outil de choix.
Pour terminer, c’est toujours un réel “plaisir pédagogique” de vivre avec les élèves un partage riche et varié de réflexions qui touchent le sens, la compréhension et l’orthographe des mots. Personnellement, mettre la morphologie dérivationnelle au cœur de ma pratique orthopédagogique donne davantage de sens à mes actions et les optimise. Je conclus en partageant une parole d’un élève devant un mot construit inventé : « La morphologie, c’est de comprendre le sens des mots même quand ils n’ont pas de sens. ».
Bon enseignement !
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